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Actions des agriculteurs en faveur de la biodiversité

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Les oiseaux de plaine : quelles actions des agriculteurs pour participer à leur protection

De nombreuses espèces d’oiseaux nichent au sol, parfois en bordure ou à l’intérieur des parcelles agricoles. Les travaux agricoles peuvent alors avoir un impact sur leur reproduction allant jusqu’à la destruction involontaire des nichées.

Parmi ces espèces, 2 sont particulièrement suivies : le Busard cendré et l’Outarde canepetière

Le Busard cendré

3 espèces de busards sont présentes en France et en Charente-Maritime, où elles se reproduisent.

Toutes trois ont la particularité de nicher au sol, dans les milieux ouverts.

Le Busard Saint-Martin niche principalement dans les landes, les coupes et les clairières forestières et, de plus en plus fréquemment dans les zones cultivées. Il est présent toute l’année.

Busard Saint Martin

Le Busard des roseaux, migrateur,  s’installe de préférence dans les zones humides ouvertes (roselières, végétation de bords de fossés…) et dans les cultures.

Le Busard cendré niche en petites colonies, en général dans les cultures et tout particulièrement dans les céréales (blé, orge). C'est l'espèce la plus menacée par les moissons, car elle est migratrice et niche en moyenne plus tardivement. Ainsi dans la plupart des cas, les jeunes ne sont pas encore volants au moment de la moisson.

Busard cendré posé sur un piquet

Zoom sur le Busard cendré

Un oiseau qui niche au sol :

Le busard cendré est habituellement un oiseau des milieux ouverts (steppes, plaines, collines, petites montagnes…). La localisation au sol de leurs nids les incitent à privilégier les zones possédant une couverture herbacée relativement haute et dense de manière à les dissimuler au regard des prédateurs. La disparition de ces milieux l’a amené à s’adapter. C’est pourquoi, depuis le milieu du XXème siècle, le busard cendré fréquente les prairies pâturées ou fauchées, et surtout les champs de céréales (blé ou orge).

Un remarquable auxiliaire des cultures :

Cette espèce consomme quasi exclusivement du campagnol des champs, ce qui en fait un allié des agriculteurs en contribuant naturellement à la régulation des rongeurs.

Une nichée de 4 jeunes consomme en moyenne 1 000 proies ; il s’agit à 70 % de Campagnols.

Une aide indispensable des agriculteurs pour sauver les nichées

Les moissons (et dans une moindre mesure les fauches ou le broyage des jachères) sont la principale cause de déclin des Busards.

En effet, quand vient l'heure des moissons, la plupart des oisillons n'ont pas encore atteint l'âge de prendre leur envol et sont détruits involontairement par le passage des machines. Ce sont plus de la moitié des jeunes qui sont détruits par les travaux agricoles sans action de protection

Depuis plus de 20 ans des actions de protection des nichées sont mises en œuvre par la LPO en Charente Maritime et le GODS dans les Deux-Sèvres.

L’action se fait en 3 temps :

Prospection initiale : dès la mi-avril, les sites de nidification connus et les zones favorables sont prospectés afin de repérer les adultes.

Nid de Busards

Recherche des nids : à partir de la mi-mai, une observation systématique des sites de cantonnements est entreprise afin de localiser les nids.

Après un passage de proie par le mâle et le retour au nid de la femelle, l’alignement d’un repère dans le champ, ou à l’horizon, permet de localiser l’emplacement du nid au sein de la parcelle agricole. Dès qu’un nid probable est repéré, l'exploitant de la parcelle est recherché et contacté.

Intervention :

Après accord de l’agriculteur, le nid est recherché dans la parcelle, en utilisant les passages de roues.

En fonction de l'avancement de la reproduction et de la culture en place, et toujours avec l'accord de l'agriculteur, la protection de la nichée est envisagée ou non. Plusieurs méthodes peuvent être employées :

- Pose de cage traineau (méthode de protection privilégiée) limitant la dispersion et la prédation des poussins.

- Matérialisation du nid par pose de jalons et conservation d'un carré de céréales (2x2m au minimum), avec ou sans pose d'un grillage

- Déplacement du nid avant la moisson dans une autre parcelle proche (tournesol par exemple, ou autre céréale plus tardive) si celui-ci est situé en bordure de la parcelle.

Transfert vers un centre de soins :

En dernier recours (nichées beaucoup trop tardives -présence d’œufs ou de très jeunes poussins au moment de la moisson), les jeunes ou les œufs sont transportés au Centre de Soins UNCS de Saint-Denis-du-Payré, en Vendée.

Les actions de protection permettent chaque année de sauver près de la moitié des jeunes à l’envol sur les zones étudiées. La protection des nichées en milieu agricole reste donc essentielle pour la conservation des populations de busards.

N° d’urgence en cas d’observation d’un couple ou de découverte d’un nid : 06 26 94 44 32

Si vous découvrez un nid pendant la moisson : laissez 2 à 3 m2 sur pied autour du nid et contactez le n° d’urgence.

L’Outarde canepetière

Les plaines entre Aulnay et la Charente et le sud des Deux-Sèvres abritent une partie de la population d’Outarde du Centre-Ouest, espèce menacée de disparition.

De mi-mai jusqu’à fin juillet, il faut être particulièrement vigilant lors des interventions sur les parcelles en herbe (prairies, luzernes, jachères).

En effet, c’est la période où les femelles nichent au sol dans les parcelles herbacées. Les femelles peuvent donc être sur leurs œufs ou accompagnée de poussins non volants à la recherche d’insectes.

L’espèce est menacée donc chaque individu sauvé compte.  Des MAEC sont proposées pour permettre la reproduction de l’Outarde (lien vers notre page : cmds.chambre-agriculture.fr/environnement/maec/maec-plaines-a-outardes-de-poitou-charentes/)..

D’autres actions contribuent également à la sauvegarde de cette espèce emblématique de nos plaines :

L’entretien des jachères en dehors de la période du 1ier mai au 31 juillet :

La période d’interdiction de broyage définie par la PAC est insuffisante pour permettre à une espèce de nicher puis d’y élever ses jeunes.

Il n’est pas obligatoire de broyer ses jachères fin juin ou début juillet. Sauf problème de salissement, c’est à éviter puisque c’est une période pendant laquelle de nombreuses espèces dont l’outarde (mais aussi la perdrix, la caille, les lièvres…) sont encore en train de nicher ou d’élever leurs jeunes. De zone de refuge, votre jachère risque alors de se transformer en piège pour ces espèces.

L’idéal est de privilégier un entretien de vos jachères entre mi-octobre et mars.

Si des plantes indésirables (chardons…) ont envahi votre jachère et que vous devez intervenir fin juin ou en juillet pour éviter leur montée à graines, attendez autant que possible et ne broyez que les zones nécessaires en réglant votre broyeur aussi haut que possible.

Des mesures d’urgence

Du 22 mai à mi-juin, des survols nocturnes par drone équipé d’une caméra thermique sur certains secteurs permettent d’aider à localiser les nids.

 En cas de découverte d’un nid d’outarde dans une parcelle productive hors contrat MAEC Outarde, une mesure d’urgence peut être mise en place : une indemnisation de 500 €/ha vous sera proposé en échange d’une zone non fauchée d’1ha autour du nid (retard de fauche jusqu’à la date d’envol des jeunes).

Nid outarde

 Une vigilance lors des fauches des luzernes ou des prairies

Une « fauche sympa » (faucher du centre vers les bords ou d’un bord vers l’autre) favorise la fuite des animaux vers l’extérieur de la parcelle.

Plus votre vitesse est réduite, plus les animaux ont de temps pour échapper à la barre de coupe. Il est particulièrement recommandé de réduire la vitesse lors de la fauche de la dernière bande.  

Plusieurs indices peuvent vous permettre de sauver une nichée d’outarde.

 La présence d’un mâle outarde dans ou à proximité immédiate de la parcelle doit vous amener à redoubler de vigilance. La probabilité d’avoir un nid est également plus forte lorsque la parcelle est isolée en plaine (c’est-à-dire située loin des zones bâties ou boisées).

 1er comportement : envol d’une femelle outarde lors de la fauche.

=> L’envol de la femelle peut signifier la présence d’un nid ou de jeunes non volant, notamment si l’envol a lieu en dernière minute, juste devant votre tracteur.

Attention la femelle décolle rarement exactement du nid (elle a tendance à piéter sous la végétation et à s’envoler à quelques mètres du nid).

 Bons réflexes à avoir :

Stopper la fauche sur ~ 0,5 à 1ha autour du lieu d’envol (poursuivre la fauche sur le reste de la parcelle ou sur une parcelle voisine)

Appeler la LPO (voir ci-dessous). Nous pourrons vérifier s’il y a ou non un nid et le cas échéant signer un contrat de mesure d’urgence.  

Femelle Outarde en vol

 2ème comportement :

 Après la fauche ou lors du fanage : observation d’une femelle errant seule dans la parcelle. Là encore, prévenez-nous aussitôt.

En effet, les œufs sont souvent encore intacts même après fauche mais sans intervention ils seront rapidement prédatés. Les œufs seront si besoin emmenés au centre d’élevage conservatoire du Zoodyssée.

3ème comportement : femelle accompagnée de jeunes non volant (< 30 j).

Soyez vigilant lors des opérations à venir sur la parcelle (bottelage, ramassage…) pour ne pas écraser les poussins encore non volants.  

Femelle Outarde parcelle fauchée

4ème comportement : trop tard…

Si malheureusement vous constatez la mort d’une femelle outarde ou une destruction de nid lors de la fauche, n’hésitez surtout pas à en informer la LPO ou le GODS. Cette information reste très intéressante et peut permettre de mieux orienter les recherches de nid par drone les années futures.

Si vous observez une Outarde ou trouvez un nid, appelez la LPO au : 06 26 94 44 32 (Jennifer FABRE) ou au 06 34 20 50 74 (Camille FAGOT).